Comment retrouver l’estime de soi après un cancer du sein ?

Le cancer et ses traitements sont souvent agressifs pour le corps et peuvent modifier l’apparence physique. Prise ou perte de poids, perte de cheveux (alopécie), changements au niveau de la peau mais aussi fatigue figurent parmi les effets secondaires les plus fréquents chez les personnes atteintes d’un cancer du sein¹. Le traitement d’un cancer du sein peut également reposer sur une chirurgie dite non conservatrice qui consiste à retirer la totalité du sein y compris l’aréole et le mamelon². Autant de modifications qui altèrent l’image corporelle, l’un des fondements de l’estime de soi.

Image corporelle et estime de soi

L’image corporelle est la perception qu’une personne a de son apparence physique. Ainsi, notre image corporelle influence notre manière de nous voir globalement, en tant qu’être humain. L’estime de soi, quant à elle, correspond au jugement qu’une personne a de sa personnalité, de son potentiel, de ses valeurs et de ses intérêts. Par conséquent, l’estime de soi joue un rôle important dans les relations que l’on entretient avec les autres³.

Lorsque le corps change et que l’estime de soi baisse, il peut y avoir des répercussions psychologiques importantes. Les séquelles physiques peuvent vous donner l’impression d’avoir perdu votre identité ou même votre dignité. Vous pouvez également ressentir de la colère⁴ ou avoir tendance à vous replier sur vous-même voire à éprouver des troubles anxio-dépressifs¹. Accepter la perte d’une partie de son corps est très difficile et il est possible de se sentir atteinte dans sa féminité¹ notamment lorsque ces changements affectent la poitrine ou les cheveux.
Les hommes peuvent aussi être confrontés au cancer du sein et à ces émotions, et parce que cette maladie est essentiellement féminine, certains ressentent de la difficulté ou de la gêne à aborder le sujet¹.
Culpabilité, phobie sociale, crainte des contacts physiques, baisse de la libido sont autant de signes que votre image corporelle est altérée et que vous avez besoin d’aide³.

Retrouver l’estime de soi

Se sentir enfin mieux dans sa peau, se défaire de la peur, de la colère et de la détresse, réussir à faire le deuil d’une partie de soi peut prendre du temps³. Il existe pourtant différentes façons de faire face et de se réapproprier son corps pour améliorer son estime de soi : 

Si vous pouvez trouver une oreille attentive auprès de votre conjoint(e), d’un(e) ami(e), ou encore d’un membre de votre famille, n’hésitez pas à exprimer ce que vous ressentez. Cette personne pourra vous aider et vous accompagner. N’hésitez pas à parler également avec votre médecin ou tout autre membre de votre équipe soignante. Ils pourront vous orienter vers un psycho-oncologue afin de mettre des mots sur votre ressenti, faire des liens et retrouver votre estime personnelle. Par ailleurs, il existe des groupes de parole pour vous permettre de rencontrer des personnes qui vivent ou ont vécu une expérience avec le cancer semblable à la vôtre¹.

Pour (ré)apprendre à prendre soin de soi, se relaxer et se détendre, la socio-esthétique est une aide précieuse. Les socio-esthéticiennes font partie de l’équipe soignante et bénéficient d’une formation spécifique comprenant plusieurs stages au sein d’un hôpital. Elles pourront vous apprendre à faire un maquillage « bonne mine » ou correcteur (par exemple pour masquer une cicatrice), à poser joliment un foulard ou une perruque, à prendre soin de vos cheveux et de vos ongles. Ces soins et ces échanges constituent un véritable moment d’évasion pour reprendre confiance en soi et mieux accepter son image⁵.

L‘activité physique participe à améliorer la qualité de vie pendant et après le cancer et est également très bénéfique pour améliorer l’estime de soi et l'image que l'on a de son corps. L’idéal est de pratiquer au moins 30 minutes par jour d’exercice cardiorespiratoire (marche, nage, vélo…), au moins 5 jours par semaine en évitant de rester plus de 2 jours consécutifs sans pratiquer. Pendant les traitements, il peut être difficile d’atteindre ces repères. Une pratique de plus faible intensité constitue toujours un acquis, l’objectif étant de maintenir un mode de vie actif et d’éviter la sédentarité. Selon la localisation de votre cancer, votre état physique, vos antécédents personnels de pratique ou votre niveau de tolérance à certains traitements, il peut être préférable de pratiquer une activité physique adaptée (APA). Votre médecin traitant pourra vous prescrire une activité physique adaptée dès lors que vous êtes atteint d’une affection longue durée (ALD). Toutefois, cette prescription n’ouvre pas le droit à un remboursement de votre activité par l’Assurance maladie.
Sachez également qu’il existe des associations pour vous permettre de pratiquer une activité physique adaptée⁶. Pour vous aider à trouver une association proche de chez vous, découvrez le site La Vie Autour et sa carte interactive, une initiative née du partenariat entre Pfizer et l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS).

La reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise en charge du cancer du sein, notamment après une chirurgie mammaire non conservatrice. Certaines femmes ressentent le besoin de reconstruire leur sein, pour combler la perte de celui-ci, parfois vécue comme une mutilation, mais également pour se sentir plus désirable, à l’aise dans son corps et oublier ce qui leur rappelle leur cancer du sein. D’autres femmes, quant à elles, ne ressentent pas le besoin de reconstruire leur sein ; ce choix est propre à chacune. Le type de chirurgie reconstructive choisi dépend de plusieurs facteurs tels que, l’étendue du cancer et la quantité de tissu retirée du sein, les changements cutanés liés aux traitements, la quantité de tissu disponible pour la reconstruction ainsi que la santé du tissu dans la région à reconstruire, mais également votre état de santé général, votre constitution corporelle et vos attentes. N’hésitez pas à discuter avec votre chirurgien des techniques de reconstruction dont vous pourriez bénéficier.
A noter que la reconstruction mammaire est prise en charge à 100% dans le cadre de l'affection longue durée (ALD) sur la base du tarif de l'Assurance maladie. Toutefois, il est important de bien se renseigner avant l’intervention car certains établissements peuvent pratiquer des dépassements d'honoraire à votre charge⁷.

Se faire prendre en photo pour améliorer l’image de soi est une méthode que certains connaissent sous le nom de Psychothérapie par Médiation Photographique (PMP). Cette pratique encourage les patientes de façon adaptée et personnalisée pour les aider à (re)trouver ou à conserver le contact avec un corps qui change. En ce sens, cette pratique pourrait potentiellement avoir un impact positif sur l'estime de soi et l'image corporelle⁸.

Chaque année, le mois d’Octobre est dédié à la lutte contre le cancer du sein afin d’informer, dialoguer et mettre en avant ceux qui combattent la maladie.
Cette année encore, dans le cadre d’Octobre Rose, différentes initiatives ont été mises en place pour permettre à des femmes de venir prendre la pose devant l’objectif de photographes en échange d’un don en faveur de la recherche contre le cancer du sein. Une belle initiative pour (se) faire du bien et sublimer sa féminité à travers l’objectif !

 

Références
1. Estime de soi. Disponible sur le site de l’Institut National du Cancer. Consulté le 16/10/2021.
2. Chirurgie (tumorectomie et mastectomie). Disponible sur le site de l’Institut National du Cancer. Consulté le 16/10/2021.
3. Apaiser les préoccupations liées à l’image corporelle et à l’estime de soi. Disponible sur le site de la société canadienne du cancer. Consulté le 16/10/2021.
4. Guide d’information « Vivre pendant et après un cancer ». Disponible sur le site de l’Institut National du Cancer. Consulté le 16/10/2021.
5. Socio-esthétique. Disponible sur le site de l’Institut National du Cancer. Consulté le 16/10/2021.
6. Activités physiques et cancer. Disponible sur le site de l’Institut National du Cancer. Mis à jour le 11/12/2020 Consulté le 16/10/2021.
7. Reconstruction mammaire. Disponible sur le site de l’Institut National du Cancer. Consulté le 16/10/2021.
8. Lantheaume S, Fernandez L, Lantheaume S, Bosset M, Pagès A, Blois-Da Conceição S. Cancer du sein, image du corps et psychothérapie par médiation photographique. Ann Med Psychol 2016;174:366-73.

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